Un électricien sait-il tout faire ?

 

Un électricien sait-il tout faire ? En 1955, Qualifelec répond à cette question par l’affirmative, en proposant une qualification unique, Equipement électrique. Le principe est simple : définir un socle commun, structurant, pour accompagner une activité en pleine croissance. Cette première qualification épouse la réalité du métier, tel qu’il s’exerce alors. Elle distingue deux catégories, établissements industriels et locaux d’habitations, au sein desquelles des échelons permettent d’évaluer le niveau de technicité. A cela s’ajoute un critère de classification, destiné à apprécier les moyens humains et matériels nécessaires à l’exécution des travaux.

A l’époque de la création de Qualifelec, que nous vous avons racontée ici (lien vers article), l’électricité accompagne l’essor économique de la France. Synonyme de modernité, ses usages se multiplient et se diversifient rapidement.  L’intuition des fondateurs de Qualifelec est que le métier d’électricien ne se contentera pas de faire passer le courant. Il portera des enjeux nouveaux, liés à la sécurité, au confort, à la performance et à l’évolution des équipements.

Les statuts de l’association, le protocole signé avec ses ministères de tutelle ou son règlement intérieur, ouvrent la voie à une extension du périmètre de la qualification délivrée par Qualifelec. Et, en effet, le métier d’électricien ne cesse d’évoluer. Tout d’abord, centré sur l’installation et le raccordement, il entre rapidement dans une ère nouvelle. Innovations et réglementations impliquent une diversification des compétences techniques. La maintenance et la performance des équipements deviennent essentielles, l’accompagnement des usages s’impose. L’électricien sait tout faire, mais il ne peut plus tout faire indistinctement, et surtout il doit prouver ce qu’il sait faire.

Dès lors, la mission de Qualifelec devient stratégique : accompagner les transformations du métier avec un outil dynamique, évolutif, construit avec les professionnels, dans l’intérêt de l’ensemble du marché. A la fin des années 70 une voix trace la voie, c’est celle de Michel Prud’homme, Président de l’UNA-Electricité CAPEB (UNA3E-CAPEB) et membre des instances de Qualifelec.

 

Tout ce que l’électricien sait faire

Les évolutions techniques et sociales font émerger de nouvelles activités que l’électricien peut s’approprier. La nécessité de créer des repères fiables pour la profession et le client final se renforce. Qualifelec commence à adapter, timidement, son offre de qualifications.
Au cours des années 70, le développement du chauffage électrique dans les logements, soutenu par EDF et accéléré par les deux chocs pétroliers, est une véritable opportunité pour les installateurs électriciens. La qualification Equipement électrique s’enrichit, alors, d’une mention dédiée au chauffage électrique intégré.A la même période, l’arrivée de la télévision en couleur entraîne une vague d’équipement en antennes collectives. Dès 1967, le syndicat des Installateurs d’Antenne demande la création d’une qualification spécifique, afin de reconnaître la compétence technique des entreprises dans ce domaine, en l’absence de norme ou de règles de l’art. La qualification Antenne est créée en 1970.

Il faut, néanmoins, attendre 1979 pour que l’esquisse de diversification se transforme en véritable élan.  Se replongeant dans les textes fondateurs de Qualifelec, Michel Prud’homme dresse le constat suivant : le champ d’activité de l’installateur électricien devient trop vaste pour une reconnaissance générique, telle que la seule qualification Equipements Electriques.Il ne s’agit plus seulement de maîtriser un geste ou une installation. Il faut désormais intégrer des usages, comprendre des systèmes, apporter des garanties pour répondre à des besoins clients spécifiques.

 

Dans un article publié en janvier 1979, dans le Bâtiment artisanal, il appelle à une réforme profonde « Il me semble opportun que Qualifelec répondre à ces deux questions essentielles :
1° Quelles sont, à ce jour, les activités susceptibles d’être pratiquées par des entreprises de l’Equipement électrique ?
2° Quelle sont les techniques qui entrent dans ces activités ?
Si l’on admet que notre rôle est de satisfaire les besoins de la clientèle et que notre devoir est d’accéder aux nouvelles techniques par la formation, on peut très bien imaginer la progression des activités de notre profession. »

Il pose ainsi trois principes essentiels : la reconnaissance des savoir-faire doit tenir compte de l’évolution des usages ; la formation continue est une nécessité et un levier structurant ; la qualification des entreprises sert l’intérêt du client final.

 

 

 

Cette réflexion entre en résonance avec la nouvelle définition des installations électriques, telle qu’elle apparaît dans le décret n° 79-1108 du 20 décembre 1979 relatif à la sécurité des travailleurs intervenant sur des ouvrages électriques ou à proximité de ceux-ci. Cette nouvelle définition n’est pas anodine, car elle intègre la notion de transmission d’informations via les installations électriques et ouvre le champ des technologies de l’information et de la communication à la qualification.

 

Dans ce contexte, Qualifelec commence à concevoir de nouvelles qualifications, en lien avec des activités spécifiques. Ces évolutions sont souvent portées par le terrain : les besoins exprimés par les entreprises et les représentants de la filière trouvent une réponse via la qualification.
Ainsi, la croissance urbaine et le développement de la circulation automobile conduisent à l’extension massive de l’éclairage public. Dans les années 80, une qualification Eclairage Public est à l’étude, à l’initiative du SERCE qui a rejoint Qualifelec en 1977, et de la FFIE. Elle sera officiellement lancée en 1985.
D’autres qualifications suivent : Détection Intrusion en 1986, Courants Faibles en 1993, Electrothermie en 1998, Maintenance en 2006. A chaque fois, la logique est la même : reconnaître un savoir-faire, définir des exigences partagées et rendre visible une compétence spécifique. De plus, chacune des qualifications fait l’objet d’une veille technique et réglementaire, afin d’en assurer, en permanence, l’adaptation aux évolutions des pratiques et à l’état du marché.

 

 

Des métiers dans le métier

A l’origine, les qualifications sont construites selon des niveaux de technicité. Mais à partir de 2005, les qualifications sont repensées. La réflexion porte sur la redéfinition du périmètre des qualifications par marché. Elle aboutira en 2015 à une réforme majeure : la scission des lots courants forts et courants faibles en deux marchés distincts : un marché dédié au Logement, commerce et petit tertiaire (limité aux ERP 5e catégorie ou ERT  ≤ 100 personnes ET ≤ 400m²) et un marché dédié aux Bâtiments tertiaires (correspondant aux ERP de 1ère à 4ème catégorie et aux ERT : Effectif > 100 personnes OU Surface > 400 m²) ou industriels.
L’objectif visé est de permettre au client final d’identifier plus facilement les compétences des entreprises, et d’orienter son choix selon la nature des travaux à réaliser.

En parallèle de cette structuration par marché, Les métiers de l’électricité se réorganisent autour de la transition énergétique. A partir de 2009, à la faveur du Grenelle de l’Environnement, les installateurs électriciens sont appelés à jouer un rôle central dans le développement des énergies renouvelables et les économies d’énergies. Le label RGE est, alors, mis en place par les pouvoirs publics. Il conditionne l’accès aux aides financières et impose des critères stricts : formation obligatoire et preuves de la réalisation de travaux satisfaisants. Qualifelec déploie ce label, en complément de ses qualifications historiques, assurant ainsi la cohérence entre reconnaissance métier et politique publique.

L’énergie solaire est une préoccupation pour Qualifelec dès 1979. Le président de l’époque, Francisque Mazet indique, lors de l’assemblée générale d’avril « J’ai noté le souci de certains d’entre vous de conduire Qualifelec à s’intéresser à d’autres activités, telle que l’énergie solaire. »  A l’époque, la technologie photovoltaïque se développe principalement pour des usages autonomes, notamment dans les sites isolés. La première installation photovoltaïque raccordée au réseau électrique est inaugurée en 1992. Il faut attendre le début des années 2000 pour que le cadre réglementaire incitatif permettre un véritable essor du photovoltaïque raccordé au réseau. En 2006, un tarif d’achat avantageux est mis en place, sous l’impulsion du gouvernement. Le Grenelle de l’Environnement fixe des objectifs ambitieux pour le solaire photovoltaïque, à horizon 2020.

C’est à cette époque que Qualifelec crée une mention SPV, au sein de sa qualification Electrotechnique, posant les fondations d’une filière en construction. Face au dynamisme du marché, la mention se transforme en qualification. Renforcée et consolidée, grâce à des critères lisibles tenant compte des besoins du terrain, la qualification SPV couvre l’ensemble de la chaîne de valeur : conception, installation, maintenance et stockage. Elle reflète un savoir-faire complet, reconnu et recherché sur ce marché.

Le rôle de Qualifelec ne se limite pas à accompagner les évolutions du métier et des activités. L’association écoute, veille et anticipe les changements de paradigme.
Ainsi, lorsque la mobilité électrique commence à prendre de l’ampleur, Qualifelec fait un pari. Celui de structurer un cadre de qualification clair, exigeant mais accessible, pour les électriciens désireux de se lancer dans l’installation des Infrastructures de Recharge des Véhicules Electriques (IRVE). En 2015, la reconnaissance IRVE est lancée, deux ans avant que le législateur reconnaisse l’importance de la qualification dans ce domaine et la rende obligatoire (décret de 2017). Afin de garantir que les professionnels se forment avec sérieux à cette nouvelle activité, Qualifelec se charge d’agréer les formations IRVE. L’association devient ainsi garante de l’ensemble du parcours compétence : de l’acquisition du savoir-faire à sa reconnaissance. En 10 ans, plus de 5.000 entreprises ont, ainsi, pu se lancer dans l’activité d’installations d’IRVE, en bénéficiant d’un cadre clair.

Ces deux exemples, le solaire photovoltaïque et l’IRVE, témoignent de la capacité de Qualifelec à adapter l’outil « qualification », afin qu’il soit un repère pour la filière et le client final. Le cap est identique : garantir la compétence, reconnaître l’expertise, structurer les métiers de l’électricité au rythme des évolutions technologiques et des besoins de la société. Qualifelec anticipe un marché en créant des mentions intégrées à des qualifications historiques. Puis, lorsque le marché est mature, une qualification à part entière est proposée, avec un cadre pertinent et exigeant, construit dans le dialogue avec les acteurs du terrain.

 

 

Alors, que doit savoir faire un électricien ?

Aujourd’hui, le bâtiment change. Il consomme, se régule, produit, échange et stocke. Cette évolution impacte les savoirs et savoir-faire des électriciens. Dans ce contexte, l’installateur électricien ne peut plus être seulement un bon technicien. Il doit acquérir une compétence globale qui associe sécurité, performance, interopérabilité, maintenance et durabilité.Ce changement de perspective appelle de nouveaux repères. La qualification ne porte plus seulement sur la maîtrise d’un geste, mais sur la capacité à inscrire ce geste dans un environnement complexe, interconnecté et évolutif.

L’histoire de Qualifelec montre que la formation des femmes et des hommes représente, au fil du temps, une exigence de plus en plus forte. La formation continue, en complément de la formation métier, devient un levier essentiel pour accompagner ces évolutions.En parallèle, les qualifications s’imposent comme une réponse claire au besoin de reconnaissance de ces compétences nouvelles. Un outil vivant, construit avec les professionnels, qui structure le présent et prépare l’avenir.

Telle est la force du modèle Qualifelec.

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